L'affaire des Trabucaires a marqué les esprits en Roussillon, de
génération en génération, jusqu'à nos jours. Elle a fait couler beaucoup
d'encre, aujourd'hui encore avec ce petit livre qui témoigne de la
permanence d'un fait divers survenu sous la Monarchie de Juillet, dans
les années 1844-1845, entre deux guerres carlistes.
Originaires du Principat, à la fois bandits de grands chemins et partisans
de la cause carliste, les Trabucaires s'inscrivent dans l'histoire du
bandolerisme catalan. La géographie et les événements politiques des
années 1830-1840 font qu'ils appartiennent aussi au fait frontalier
catalan entre Perpignan et Barcelone à cheval sur l'extrême frontière
autour de Saint Laurent de Cerdans : une étape incontournable entre
deux pôles proches et lointains liés par une origine commune et séparés
par les vicissitudes de l'histoire.
L'affaire des Trabucaires entrée dans la légende prend sa vraie
dimension à la lumière du dédoublement frontalier en Vallespir, plus
particulièrement étudié, de part et d'autre de la «frontière-ligne» : à
Perpignan de la Révolution à la Monarchie de Juillet, à Barcelone de la
Guerra gran à la seconde guerre carliste dels Matiners.
Cette histoire comparée, exposée dans une première partie, permet de
comprendre comment un simple fait divers est passé dans l'histoire, une
mutation analysée dans une seconde partie. Une abondante iconographie
illustre magistralement le propos.