De 2007 à 2019, quarante-sept mille femmes des Balkans ont migré vers le Levant espagnol pour le travail du sexe. À partir de 2013, dix-sept mille d'entre elles sont revenues dans leur pays d'origine avec un capital global de 6,8 milliards d'euros : soit, compte tenu des valeurs d'usage, une capacité d'investissement de 20,4 milliards d'euros, ensuite engagés dans des projets d'hôtellerie, de tourisme, de commerces, dans l'agriculture...
À travers les témoignages de plusieurs de ces femmes, cet ouvrage décrit la diversité de leurs parcours et de leurs trajectoires de retour après cinq à sept années de travail. Ces profils croisent les recherches menées par l'auteur depuis 1987 sur la construction de réseaux de circulation et de commerce « entre pauvres », dits « poor to poor », dans l'espace euroméditerranéen. Partant de leurs récits, ces trajectoires révèlent, à l'aller, la présence de formations criminelles et mafieuses, et, au retour, le renversement des dominations pour nombre de ces femmes, « qui n'auraient jamais connu de promotion sociale en restant au pays ». Économies paradoxales, immorales ?