Traité de l'Essence
Le Traité de l'essence de Xavier Zubiri (1898-1983) est présenté ici pour la première fois en français.
Un ouvrage sur l'essence, en ces temps où l'on annonce la mort de la métaphysique, est un événement. Par l'ampleur de ses connaissances et la profondeur de ses analyses, X. Zubiri s'est placé au premier rang des philosophes espagnols. Certes, la question de l'être et du sens de l'être se fait insistante, mais les réponses ne sont pas satisfaisantes. Finalement, après des siècles nominalistes de négation de la réalité essentielle, nous devons non pas comme Aristote remonter des fondements ontologiques à l'essence, mais redescendre d'une compréhension renouvelée de l'essence vers le fondement de l'être.
Pour montrer que l'essence est un moment structurel du réel, Zubiri dut forger les concepts conformés aux analyses longuement éprouvées de l'essence. Qu'est-ce qui est essentiable et qu'est-ce qui est essentié ? Quelle est l'unité structurelle de l'essence ?
Les qualités essentielles sont minutieusement décrites. Elles sont toutes dans des relations réciproques, elles font constitution et de ce fait sont immuables. Mais pour nous, autrement que pour Aristote, les essences ne sont plus éternelles. Une théorie de l'essence a aujourd'hui la tâche urgente de préciser la genèse de nouvelles essences, et non seulement de celles qui, par génération, appartiennent à la même espèce.
Zubiri ouvre de remarquables perspectives sur la stratification des essences : minérales, vivantes, humaines. L'essence est un moment fondateur de la substantivité, de totalités d'êtres individuels et toujours concrets.