Ce volume s'intéresse à la construction de l'identité par
la transmission intergénérationnelle dans la littérature
contemporaine, sous la forme des écritures de soi, que le
scripteur ait ou non le statut d'écrivain.
Celui qui produit un écrit à caractère autobiographique
est mû par le désir de transmettre à ses descendants ou
une génération postérieure une expérience et une pensée.
Si ce savoir est d'ordre individuel, il devient parfois celui
de tout un groupe, voire d'un peuple, lorsqu'il s'inscrit
dans un contexte historique et politique tel que
l'expérience des camps, de l'exil ou de l'émigration. Mais
celui qui écrit peut se considérer lui-même comme
héritier, moral, psychique, intellectuel ou spirituel d'un
proche généralement disparu.
L'écriture de soi la plus répandue est une écriture
quotidienne pragmatique, qui ne concerne pas seulement
les écrivains. Il s'agit de fixer sa biographie pour
transmettre une expérience particulière, avec une visée
souvent didactique. Les ruptures existentielles,
nombreuses au XXe siècle, favorisent cette production,
comme en témoigne par exemple le fonds de manuscrits
déposés à l'Association Pour l'Autobiographie.
L'ouvrage met l'accent sur la notion d'«identité»
héritée. Les récits de famille manifestent en effet
l'influence de la relation intergénérationnelle sur la
construction de l'identité.
Chez les écrivains, les éléments autobiographiques ne
sont alors que le matériau d'une entreprise qui pose la
question beaucoup plus large de la représentation, voire
de la construction de l'héritage culturel. À travers les
notions de transmission et d'héritage dans
l'autobiographie, on voit affleurer une préoccupation
fondamentale de la littérature de l'extrême contemporain.