Problème majeur de nos sociétés contemporaines, question permanente pour les économistes et les sociologues, le chômage constitue un défi tant pragmatique que théorique. Le défi pragmatique, les gouvernements des pays industrialisés ont tenté de le relever, sans toujours de réel succès. Le défi théorique est celui d'une révision de nos catégories d'analyse pour penser le sous-emploi et ses effets multiples. Mais les mutations induites par la crise ne se réduisent pas à un taux de chômage élevé. Aujourd'hui, se dessinent les lignes de force d'un nouvel ordre économique, s'esquissent des configurations sociales inédites qui trouvent leur pendant direct aussi bien dans l'entreprise que sur le marché du travail. Concurremment, la crise a ébranlé nos certitudes théoriques, les schémas d'analyse du travail et de l'emploi ont évolué.
Afin de dresser un bilan des métamorphoses du travail et de l'emploi, deux parties forment l'ossature de ce livre. La première est centrée sur la dynamique de l'organisation des entreprises et du marché du travail dans les grands pays industrialisés. Elle a pour ambition de cerner quelques grandes mutations à l'oeuvre aujourd'hui ainsi que les pratiques et discours qui les accompagnent. La seconde constitue un véritable panorama des paradigmes qui ont scandé l'histoire de l'économie et de la sociologie du travail et de l'emploi. Le projet des auteurs est de suivre les fils généalogiques de ces deux disciplines, de comprendre la logique des affrontements internes comme celle des ouvertures et inflexions globales qui se dessinent à l'heure actuelle au sein de ce champ des sciences sociales.