La sociologie du travail et la sociologie du genre restent largement étrangères l'une à l'autre, la première ne s'écartant guère d'une tradition universaliste où la question du genre ne trouve pas sa place, la seconde n'accordant souvent qu'une place secondaire au travail et à la sphère professionnelle.
L'ouvrage explore les fondements théoriques de cette relative incompatibilité et retrace l'émergence progressive d'analyses sexuées autour de trois objets : l'articulation entre travail domestique et travail professionnel, la division sexuelle du travail, la construction des inégalités.
Il propose ensuite une lecture sexuée de quelques questions centrales pour une analyse des rapports sociaux dans la sphère du travail : le travail à temps partiel, la qualification, la flexibilité et la réduction du temps de travail. Il montre comment opèrent conjointement des processus qui neutralisent les différences en faisant référence à un individu asexué, et des processus qui justifient les inégalités entre les sexes en les neutralisant. Ces réflexions éclairent les contradictions et les ambiguïtés des politiques d'emploi, des stratégies des directions d'entreprises et des pratiques des salarié(e)s et permettent de mieux comprendre la complexité de leurs évolutions actuelles.