Le marché du travail est en pleine mutation. Le travail dit normal perd du terrain, supplanté de façon croissante par une variété de formes d'emploi atypique. Que ce soit le travail à temps partiel, le contrat à durée déterminée, la fausse indépendance, le travail temporaire ou une combinaison de plusieurs de ces formes, les pays industrialisés assistent actuellement à une prolifération d'emplois qui allient la précarité du statut des salariés aux besoins de flexibilité dans l'organisation des entreprises.
L'Allemagne ne fait pas exception, sauf pour ce qui est du travail temporaire. Avec 0,7 % de la population active travaillant dans l'intérim, l'Allemagne a le taux d'intérimaires le plus bas des pays industrialisés comparables, trois à cinq fois inférieur à celui de la France ou de la Grande-Bretagne. C'est à l'analyse de cette spécificité allemande que s'attachera cette étude, spécificité qui plonge ses racines dans la genèse de l'intérim et qui met en perspective la conception allemande du travail. La société outre-Rhin privilégie le travail permanent ; le Code du travail en témoigne. Comment parvient-elle à concilier ce besoin de stabilité avec le recours croissant de l'économie à l'éphémère ? Les compromis trouvés montrent que le fameux consensus social à l'allemande n'a pas dit son dernier mot.