Trésor d'une femme effacée
Le Psautier Hs. 24 de la bibliothèque universitaire de Fribourg-en-Brisgau
Les psautiers médiévaux assuraient plusieurs fonctions : à la fois livres liturgiques et livres de prières privés dès le IXe siècle, ils servaient également à l'éducation des enfants. Si les laïcs fortunés ont fait réaliser des psautiers pour leurs besoins personnels jusqu'au XIVe siècle au moins, l'âge d'or du psautier se situe aux XIIe et XIIIe siècles. À cette période, les commandes de livres de psaumes se multiplient et sont, en particulier, le fait de femmes nobles pour lesquelles ces riches manuscrits sont un attribut qui témoigne de leur noblesse comme de leur foi.
Marguerite Hennebelle a porté son attention sur le Psautier Hs. 24 de la bibliothèque universitaire de Fribourg-en-Brisgau, ouvrage qui fait partie d'un ensemble de manuscrits relativement marginaux et peu connus, exemplaire par la place de l'imagerie, la richesse de son iconographie et le luxe employé à son ornementation. L'étude stylistique qu'elle a menée a permis de mieux identifier un lieu et un contexte de production : le milieu monastique du XIIIe siècle dans l'Empire germanique ; d'apporter des éclaircissements sur les choix iconographiques à l'œuvre dans le Psautier. L'enquête historique entreprise pour tenter de cerner la personnalité de la commanditaire semble conduire à une femme noble, de culture germanique, proche de l'ordre cistercien. Des hypothèses d'attribution nouvelles reposant sur des conclusions issues de réflexions sur le style et l'iconographie du Psautier ont pu être avancées et ont remis en lumière un document peu étudié et qui semblait avoir disparu jusqu'au XIXe siècle.