Trieste, port des Habsbourg 1719-1915
De l'intégration des immigrés à la désintégration du creuset
Face à la concurrence de Venise et à la menace turque, l'empire continental habsbourgeois a su promouvoir, par une géopolitique habile, un port franc attrayant. Des communautés de religions différentes venues de toutes parts ont réussi en commerçant à coopérer et à prospérer puis, grâce à un dialecte local proche de la langue d'échanges en Méditerranée orientale, à s'amalgamer dans une indéniable italianité culturelle. Ce creuset témoignait d'une intégration des immigrés : l'étude en illustre les facteurs de réussite par de multiples récits de vies entrepreneuriales sur terre et sur mer.
Lors de l'émergence des nationalités en 1848 cette ville frontière fut encline à soutenir les mouvements d'émancipation grec, serbe et italien nonobstant la variété des positions politiques. Lorsque Trieste en se modernisant s'industrialisa, l'internationalisme socialiste ne parvint pas à solidariser la minorité Slovène aux ouvriers italophones. Les tensions italo-slavo-germaniques ont alors précipité la ville dans l'hécatombe de la Grande Guerre. Au terme de cet âge d'or d'un port d'empire prospère, des intellectuels triestins qui avaient rêvé d'une confédération de peuples frères ont offert leur vie pour que la ville devienne italienne sans prévoir qu'ils la livraient au délire fasciste.