La critique simonienne s'est déjà penchée sur les rapports de
l'oeuvre de Claude Simon à l'image, peinture ou photographie,
mais le lien au cinéma n'a que peu, jusqu'ici, donné lieu à des
études approfondies. La recherche de Bérénice Bonhomme
tente de mettre au jour les liens complexes de Claude Simon
à l'écriture et à l'image et plus particulièrement à l'image
cinématographique. En 1975, Claude Simon réalise pour la
télévision allemande un court-métrage à partir du roman Triptyque
(publié en 1973), court-métrage demeuré pratiquement inconnu
de la critique française. Le travail simonien, dans le cas de
Triptyque, prend la forme d'une adaptation, «traduction» au
sens large, de l'écrit au visuel, traduction d'un roman en film,
traducere au sens étymologique voulant précisément dire «faire
passer». Le passage à l'image d'une oeuvre qui déclare se
fonder entièrement sur la puissance métaphorique du langage
revêt une grande importance. L'oeil est un passage obligatoire
pour l'oeuvre simonienne et il est aussi cet instrument de création
qui fonde l'élaboration d'une écriture, puis d'une vision
photographique ou cinématographique du monde. L'écriture
cinématographique se situe au carrefour de plusieurs modes
d'expression, lesquels se nourrissent de leur mise en synergie.
Cette complexité influe sensiblement sur les cadres génériques
au sein desquels elle se déploie. Partant, Bérénice Bonhomme
fait porter son effort d'analyse sur ce dialogue toujours renouvelé
entre écriture et réalisation filmique et tente de convoquer de
nouveaux outils critiques afin de montrer dans quelle mesure le
passage d'un langage à un autre influence notablement le
processus créatif chez Claude Simon.