Ne cachons pas l'image. Nul besoin de nous envelopper des anneaux de Saturne. S'il est un mal à défier, à éloigner de soi, c'est ce goût douteux de la résurrection. Un dégoût devant le monde. Le rêve fatal d'un nouvel avènement. De quoi ressembler aux savants qui nous suppriment. Petite science devant une autre, qui demeure cachée et dont je ne puis dire plus. En moi elle fait son apprentissage. Dans l'espace qui me reste à lui offrir, elle fait sa grotte, éclaire les parois des murs, découvre des objets rituels, des peintures qui n'ont pas encore de sens pour elle. Elle déploie ses lois, d'étranges devoirs qui échappent à mon entendement, que je reconnais, comme on reconnaît la beauté au fronton des demeures.
Elle a pénétré un monde obscur, et me fait pénétrer à son tour dans une forêt épaisse, dont les feuillages couvrent mes yeux et ne me donnent comme solution que de me laisser guider par un oeil autre, qui n'est pas la vue. Moi, le gnome, la carcasse, le déchet informe j'avance lentement, au rythme de la science qui glisse en moi, et qui ouvrant la bouche ouvre un monde.
Ne cachons pas l'image. Si la légende peut être inventée, le mythe demande à être reconnu. Nous lui appartenons, même dans nos plus beaux renoncements.
La vignette de couverture est d'André Masson