Nous sommes à l'âge de la membrane, telle est une des thèses
politiques que défend et explicite ce livre, ce concept se réclamant à
la fois du biopouvoir de Foucault et des analyses de la membrane qui
caractérise le vivant selon Simondon. Cette membrane est entrée,
après la Seconde Guerre mondiale, dans une nouvelle époque,
celle du «vivantisme» (où toutes les formes de vie se valent), du
néolibéralisme et des réseaux financiers. Est-ce à dire que toute
politique n'est plus que branchée sur la membrane, productrice de
celle-ci ou résistance à ses déchirements ? Mais ce serait oublier
que la politique dépend de gestes, autre thèse de ce livre. Même
la membrane a son geste. L'auteur définit l'émancipation par
l'effectuation de véritables enchaînements de gestes en résonance
avec d'autres (champ, chair, espace gestuel). Or, puisque la
membrane n'est pas émancipatrice, tout geste-événement ouvrant
un champ est un trou dans la membrane. Il n'est donc pas question
de résister mais de trouer la membrane.