Entre la fin du Ier Empire et les derniers jours de la IIe République, la France a
été l'une des terres d'accueil les plus libérales du continent avec la Grande-Bretagne.
Ayant hérité de l'époque révolutionnaire un devoir d'asile envers
les étrangers «bannis pour la cause de la liberté», les régimes successifs se sont
paradoxalement accordé à cet égard.
Cet ouvrage se propose de croiser deux approches souvent dissociées dans
l'étude de l'asile réservé aux étrangers en France : l'analyse des dispositifs qui
ont encadré l'accueil, et celle des formes d'engagement que ces étrangers venus
pour motifs politiques ont pratiquées dans le pays d'asile. Si ce double regard
semble nécessaire, c'est que les interactions entre les exilés politiques et la
société d'accueil ont été fortes en cette première moitié du siècle, en raison
de leur participation aux débats et aux combats qui ont animé, voire déchiré la
scène politique française. Symétriquement, les dispositifs d'accueil élaborés en
réponse à l'arrivée des exilés ont contribué à construire une certaine identité de
la France, comme terre d'asile pour tous les peuples opprimés.