Dans la tradition des Ricci et de Nobile, à l'instar des Massignon et Monchanin,
Georges Dumont, curé d'Aqaba de 1955 à 1987 après être passé brièvement par
la Société des Auxiliaires des Missions (SAM), incarne une forme particulière
d'adaptation missionnaire à la culture locale. Au service d'une Église orientale
- l'Église melkite - dans l'esprit du Père Lebbe, mais également en contact
proche avec les populations musulmanes de Jordanie, très inspiré par Charles de
Foucauld, c'est bien avant Vatican II qu'il envisage à la fois l'oeucuménisme, la
réunion des différentes Églises dans une Église universelle, et l'ouverture aux
autres religions, singulièrement l'islam.
Trait d'union entre catholiques et orthodoxes, fondateur et constructeur d'une
des écoles actuellement parmi les plus renommées de Jordanie, il noue des liens
solides de respect et d'amitié avec beaucoup de musulmans. Concevant l'action
missionnaire comme un témoignage de vie impliquant laïcs et religieux et
soutenu par la badaliya, union de prière pour les âmes musulmanes, Georges
Dumont n'hésite pas à s'impliquer, à l'exemple de Vincent Lebbe, dans la vie de
sa communauté d'adoption. Condamnant le sionisme et défenseur de la cause
palestinienne, il verra s'effondrer son rêve d'une cohabitation sereine entre Juifs
et Arabes.
Homme de réflexion, de spiritualité, mais aussi homme d'action, il est un
témoin privilégié de l'histoire parfois tumultueuse des relations entre Églises
chrétiennes et de la rencontre entre christianisme et islam.