Peut-être le lettré Su Dongpo (1037-1101) a-t-il cherché l'homme multiple. Il fut lui-même peintre, poète, calligraphe, penseur, haut-fonctionnaire, parolier, précepteur de l'Empereur, érudit et commentateur des Classiques, gouverneur; c'est un excellent et curieux cuisinier, ethnographe à ses heures, distillateur, banni plutôt deux fois qu'une.
Son oeuvre est immense par le volume, les genres et les écritures. La Chine bruit des traces de son passage dans les temples, les salles sur les hauteurs, au bord d'une digue, dans l'histoire des ponts, dans tout ce qui touche à la nature de l'eau.
Les 26 rhapsodies traduites suivent le parcours de cette vie à travers un genre poétique ancien où la rupture et l'énigme ont dès l'origine leur marque. Itinérantes, didactiques, fantastiques, joyeuses, ces voix à peine chantées à la cour, entre amis, avec son frère ou pour soi-même restituent des paysages chargés d'histoire, des récits, des méditations, la distance intime du monde et des sentiments.