Du petit coiffeur né dans une famille modeste qui ne lui légua rien, jusqu'à l'Elysée, quel parcours ! Rares les hommes qui voyagèrent autant que lui, traversèrent l'Atlantique et la Méditerranée en première classe, parcoururent l'Europe en wagon-lit, doués de cette aptitude à se lier en tous lieux avec les personnalités les plus influentes. Beau parleur, belles manières, il sut gravir tous les échelons dans son domaine, depuis les larcins les plus minables jusqu'à délester l'ennemi de quelques millions.
L'histoire de Paul Marie Bolo (1876-1918) dit Bolo Pacha a défrayé la chronique en son temps. Les journaux étalèrent sa forfaiture, ses escroqueries, ses manipulations sur des pages et des pages tout au long de son procès. Un hâbleur, un Tartarin, un bluffeur, un aigrefin, un matamore, sans doute. Naïf d'avoir sincèrement cru qu'il pouvait arrêter la guerre qui n'en finissait plus de créer un climat délétère dans le pays, un esprit de défaitisme et des mutineries dans l'armée. Après s'être pris pour un chevalier d'industrie, il se prit pour un thaumaturge. Malheureux bouc émissaire, il ne servit probablement jamais les Allemands : une fois les poches pleines, il oubliait vite celui qui lui avait confié ou prêté son argent, et il passait à une autre « entreprise ». Thaumaturge encore quand il croyait qu'avec 100 000 francs, il pouvait s'offrir un diamant de 100 000 francs plus une voiture de 100 000 francs plus un cheval de 100 000 francs...