A l'occasion d'un banal rendez-vous chez le dentiste, Agnès, une femme âgée, se trouve dans un quartier neuf de sa ville où elle est certaine de n'être jamais venue. Pourtant, quelques indices la troublent, de très vagues réminiscences. Jusqu'au moment où elle voit, encastrée au milieu des immeubles récents, une vieille maison à la façade jaune. C'est alors comme un voile qui se déchire. Elle se souvient des dix jours qu'elle a passés là, il y a très longtemps. Elle avait treize ans. Dix jours qui ont pesé lourd, mais qu'elle a essayé d'oublier en les enfermant dans une épaisse gangue de glace. Elle a réussi à vivre avec le secret des deux drames qui ont eu lieu près de l'étang où nageaient de vilains poissons blancs et voraces.
Le roman, qui a recours à un je de fiction, raconte la descente d'Agnès jusqu'aux racines de sa mémoire, ce qui lui permet, après des décennies, de retrouver un élément qui lui avait toujours manqué. Derrière l'immeuble bleu et blanc, il n'y a plus d'étang, mais une trace suffit pour abolir le temps. En toile de fond, l'Europe de 1933. L'arrivée au pouvoir d'Hitler. La menace que l'on ne voulait pas voir, à cette époque où Konigsberg ne s'appelait pas encore Kaliningrad, où Dantzig était une ville libre au bord de la Baltique.