75 ans : c'est le temps écoulé depuis le premier plan officiel de
partition de la Palestine en deux États, l'un juif et l'autre arabe.
Trois quarts de siècle pendant lesquels on a vu passer d'innombrables
résolutions, conférences, déclarations, missions,
«feuilles de route» et autres «relances du processus de paix».
Pourtant la perspective de voir «deux États vivant côte à côte
dans la paix et la sécurité» est plus lointaine que jamais.
C'est que la partition de la Palestine historique en deux États
n'est pas une solution, mais un discours. C'est un discours
de guerre drapé dans une rhétorique de paix, qui permet de
justifier les faits accomplis comme ceux à venir. Ce discours
si commode ne peut pas déboucher, ne débouchera jamais
sur une solution véritable, car la partition de la Palestine
n'est tout simplement pas possible. Il faut en finir avec l'idée
de la partition et la remplacer par celle du partage de ce pays,
sa mise en commun entre tous ceux qui y habitent et qui en
deviendront les citoyens libres et égaux. Le partage, loin de
représenter une utopie, est la seule solution réaliste et réalisable
car elle correspond à la situation actuelle dans le pays.
Fait étrange, cet État commun est présenté tantôt comme
une utopie - face à la solution «réaliste» qui n'a pas avancé
d'un pouce en trois quarts de siècle - et tantôt comme une
grave menace. Il faut choisir : une utopie ne peut pas être une
menace - et si l'État commun constitue une menace, c'est qu'il
n'est pas une utopie.
Aujourd'hui, le thème de One State, de l'État commun, est
discuté dans le monde entier y compris en Israël. Il est grand
temps que le public français, tenu jusqu'ici soigneusement à
l'écart, puisse être informé des termes d'un si crucial débat.