Lire Vladimir Jankélévitch (1903-1985), c'est découvrir l'une des voix les plus charmeuses et envoûtantes de la philosophie. Il est le philosophe du temps, de l'instant, ce battement de coeur. « Ne manquez pas votre unique matinée de printemps », nous dit-il. Il nous invite à l'action, ici et maintenant. C'est pour cette raison que son oeuvre va vite : elle court comme une fugue au piano, s'envole comme l'oiseau de la branche, prend conscience de la fragilité des choses et se compose de je-ne-sais-quoi et de presque-rien. Une certitude, on ne s'ennuie pas quand on lit Jankélévitch car il avait l'ennui en horreur : tuer le temps est une occupation indigne à ses yeux ! En revanche, l'auteur du Traité des venus est le philosophe de l'ironie, de l'amour qui, selon lui, est l'autre nom de la morale, mais aussi le penseur du courage, de l'amitié, de la fidélité, de la justice, de l'aventure. Ne manquez pas ce stimulant et délicieux Été avec Jankélévitch, ce virtuose qui n'a jamais eu l'angoisse de la mort, si vital, si paradoxal, si musical.