Durant l'été 1841, la France est le théâtre d'une multitude de révoltes populaires. Le recensement des portes et fenêtres est perçu par la population comme une intrusion intolérable de l'Etat dans la sphère privée. Dans la moitié sud du pays, les portes se ferment, les agents du fisc sont conspués, les barricades se dressent et l'émeute tourne à l'insurrection sanglante à Toulouse et Clermont-Ferrand. Villes et campagnes, bourgeois et ouvriers, propriétaires fonciers et paysans se retrouvent, le temps d'un été, unanimes contre le pouvoir en place.
Quelle est donc la nature de cette violence populaire soudaine, que les autorités, confrontées à une menace imprévue, ont tôt fait d'attribuer aux «communistes» ? Est-ce la résurgence d'une forme archaïque de protestation antifiscale d'Ancien Régime ? Ou les émeutes de l'été rouge marquent-elles le passage d'une violence sociale traditionnelle à une violence véritablement politique, caractéristique de l'ère moderne ?
En s'appuyant sur des archives judiciaires inédites, l'auteur retrace la chronique de cet épisode paradoxal de l'histoire de la violence populaire, où la question fiscale cristallise le problème de l'intégration d'une communauté à un espace national pré-industriel.