La ville d’Orléans fut dans le peloton de tête des villes épiscopales atteintes par le jansénisme, ce complexe mouvement religieux, culturel, social et politique aux XVIIe et XVIIIe siècles. Les évêques s’acharnèrent contre les curés et persécutèrent les communautés féminines de la ville dont les religieuses furent privées de sacrement « à la vie, à la mort ». C’est donc une spécificité du cas orléanais que cette forte implication des femmes dans le mouvement. Tout comme à Paris, le jansénisme du XVIIIe siècle n’est plus celui de la retraite aux champs du temps de Port-Royal ; il investit les lieux de pouvoir, la municipalité, le bailliage, les fabriques des paroisses, les écoles et l’Université, les institutions charitables, d’où des conflits entre autorités ecclésiastique et civile. Les élites administratives et intellectuelles de la ville comme le monde opulent des négociants et raffineurs de sucre s’investirent dans un mouvement qui, à l’origine, prônait la pauvreté. Là n’est pas l’un des moindres paradoxes. Au bout du compte demeure posée la question du poids du jansénisme dans une décléricalisation de la société pouvant, à terme, être facteur de déchristianisation.