Ce recueil de poèmes commence dans un "jardin d'inconnaissance" et se déploie jusqu'à la "déraison des semences", comme si le commencement du geste d'écrire était très risqué, et, sans se connaître lui-même, se voilait d'une parure d'ombre ou de lumière. L'auteur semble dire que c'est chaque fois une épreuve ou un miracle lorsqu'on commence à écrire. L'écriture serait-elle une interrogation sur elle-même ?
Le fil de ce recueil laisse entrevoir ce qui pour l'auteur est le mouvement même de cette interrogation. La lumière soudain aperçue, se retire. Ne reste que l'ombre. C'est alors que grandit dans l'écriture l'appel d'un Nom qui s'écrit mais ne se dit pas. Nom divin et vocalique, comme le décrit Monique-Lise Cohen, qui précède le geste d'écrire mais ne résonne qu'en lui. Comme si la lumière qui s'était retirée, revenait, mais en avance et comme changée en des sonorités, pour accueillir la matérialité et l'encre des lettres. Paradoxe d'une vision sonore où la main puise sa ressource et "se plie au mystère de la voix".
La poésie de Monique-Lise Cohen se donne à lire comme une interrogation sur la possibillité même du geste d'écrire.