Un jour les dieux se retirent. D'eux-mêmes ils se retirent de leur divinité, c'est-à-dire de leur présence. Ils ne s'absentent pas simplement : ils ne vont pas ailleurs, ils se retirent de leur propre présence : ils s'absentent dedans.
Ce qui reste de leur présence, c'est ce qui reste de toute présence lorsqu'elle s'est absentée : il reste ce qu'on en peut dire. Ce qu'on en peut dire est ce qui reste lorsqu'on ne peut plus s'adresser à elle : ni lui parler, ni la toucher, ni la regarder, ni lui faire un présent.
Ce qui reste se divise donc aussitôt en deux : l'histoire et la vérité. L'une et l'autre sont de la même origine et se rapportent à la même chose : à la même présence qui s'est retirée. Son retrait se manifeste donc comme le trait qui sépare les deux, l'histoire et la vérité.