« Quand le vin est tiré, il ne faut pas toujours le boire. Mais une fois le dernier abri perdu, signe suprême de culture, on entend toujours des polyphonies dans le bidonville. »
Otar Iosseliani est né soviétique à Tbilissi le 2 février 1934, et mort géorgien et français dans la même ville le 17 décembre 2023 au terme d'une vie de résistance, d'exil, de cinéma, d'humour, de mélancolie et de vodka, et après vingt et un films entre Aquarelle en 1958 et Chant d'hiver en 2015. Bernard Eisenschitz le rencontre à Moscou en juillet 1969. Ils se lient d'amitié autour du Bolchoï, de Michel Simon, de L'Atalante et d'un appartement de la rue Gorki.
De cette amitié naît un compagnonnage de cinéma de plus de cinquante ans, de loin en loin - quand les films de l'un arrivaient à l'autre - puis de près en près, le cinéaste engageant parfois l'historien pour jouer - par exemple dans Les Favoris de la lune ; l'historien écrivant régulièrement sur l'oeuvre.
« Le Temps compté » et « In vino veritas ? », les deux textes de cet ouvrage, disent autant cette relation de cinéma et d'amitié que celle du cinéaste à l'Histoire, à son pays, à l'URSS, au métier de faire des films.
Gaël Teicher