Un monde à la carte
Avec les processus de mondialisation, certains groupes sociaux développent des mobilités transnationales parmi lesquels les cadres supérieurs semblent susceptibles de tirer avantage de ces dynamiques. Il apparaît pourtant que, malgré ces mobilités, les cadres supérieurs étudiés dans cet ouvrage à Paris, Lyon, Milan et Madrid demeurent profondément ancrés dans leurs quartiers et leurs villes. Leurs choix résidentiels sont marqués par des héritages et des liens familiaux et amicaux qui demeurent très structurants. La mobilité transnationale est inégale, beaucoup bougent peu et lorsqu'ils sont mobiles, ils ne vont pas très loin, pour des périodes limitées, et reviennent souvent à leur point de départ, d'où l'idée d'exit partiel de la société (et non pas de départ) : ceux qui partent accumulent des ressources et des expériences et reviennent dans leur société, souvent leur ville d'origine, vivant une forme de transnationalisation avec filet de sécurité. Enfin, dans les quatre villes, les cadres supérieurs se représentent comme l'avant-garde de la mondialisation et développent pour eux et surtout pour les enfants des stratégies pour s'adapter. Les plus mobiles demeurent très enracinés, mais se distinguent clairement des cadres supérieurs qui ne voyagent pas, d'où l'hypothèse de l'émergence d'une espèce de classe de cadres supérieurs européens mobiles qui partage des pratiques et des valeurs.