LA COULEUR DES IDÉES
Le XXIe siècle se présente déjà comme le siècle de l'unification du monde sous l'emprise de la globalisation des marchés financiers et économiques. Il pourrait aussi être celui de sa division et de son éclatement si se confirmait l'impuissance des organisations internationales à faire admettre et respecter un droit cosmopolitique. Mais inversement, loin de signer la fin du monde, l'accentuation des conflits intraétatiques et interétatiques depuis la chute du mur de Berlin pourrait signifier le « retour des choses politiques » et le renouveau d'un souci pour le monde où s'élaborerait la figure inédite d'une « cosmo-politique » aussi éloignée de la culture de la guerre que de l'invocation morale de la paix.
On ne peut saisir le sens profond d'une cosmo-politique-une conflictualité non guerrière et instauratrice d'un monde commun - qu'à condition de reconnaître que la politique ne procède ni de la violence armée ni de la tentative de surmonter celle-ci par une civilisation des murs qui est une police de la socialité. C'est dans le rapport qu'elles sont susceptibles d'établir avec l'étranger au sein de chaque État, et non dans l'établissement d' un ordre juridique mondial ou d'une autorité supraétatique, que les actions publiques se révèlent cosmopolitiques. Ou, encore, dans une certaine manière d'être au monde avec ceux qui ne sont pas du même monde, manière qui naît d'un agir-ensemble politique.