«Un monde sans limite, paru en 1997, a été l'une des premières
tentatives de rendre compte de l'effet sur la subjectivité d'un social
sous la houlette de la science et non plus de la religion. L'ouvrage se
plaçait sous le couvert de Freud, lorsque ce dernier prenait la
psychanalyse comme point d'appui pour aborder le social, mais aussi
sous celui de Lacan, qui, dès le début de son oeuvre, avait souhaité
que le psychanalyste connaisse la spire où son époque l'entraîne.
Les questions soulevées par Un monde sans limite ont généré de
nombreux débats, comme si elles constituaient en elles-mêmes le
symptôme de la mutation profonde de société à laquelle nous
assistions. Dans ce premier moment d'appréhension du phénomène,
nous avions bien identifié les conséquences à l'oeuvre du déclin de
la fonction paternelle, sans pour autant distinguer clairement, à
l'époque, fonction paternelle et fonction patriarcale.
Cette critique pertinente nous a contraint à poursuivre notre réflexion
dans «Malaise dans la subjectivation» (dans Les désarrois nouveaux
du sujet, érès, 2001) et à soutenir que c'était surtout l'exercice
concret de la fonction paternelle qui était mis en difficulté, étant
donné précisément le déclin, voire la péremption, du patriarcat.»
J-P. L.
Voici donc réunis ici les deux textes essentiels qui ont ouvert un
champ entier pour la psychanalyse : ils rendent compte du travail
en profondeur que Jean-Pierre Lebrun, psychanalyste à Namur
(Belgique), mène depuis des années autour des conséquences de
la mutation du lien social sur la subjectivité de chacun.