Les jeux d’argent sont aujourd’hui considérés comme l’un des secteurs légitimes de l’industrie du divertissement. Dans les années 1990, diverses formes d’opposition à cette industrie ont émergé en Amérique du Nord, sans toutefois réussir à construire un mouvement social à large échelle. Ces oppositions ont la plupart du temps pris la forme de campagnes locales peu organisées et sporadiques, lancées pour faire échouer des modifications de législation ou contre certains projets spécifiques. Ce livre étudie spécifiquement l’une de ces coalitions observées dans la région de Vancouver, au Canada, à partir d’une série de controverses qui se sont succédées sur une dizaine d’années. Le mouvement antijeu local est analysé comme l’expression d’un engagement citoyen et politique. L’analyse porte en particulier sur le processus de dénonciation des pratiques de jeu d’argent et leur transformation en « problème public ». Les vifs débats sociaux et politiques qui entourent les jeux d’argent soulèvent la question de leur réglementation, de leur légitimité et, en fin de compte, du sens que la société doit accorder à cette forme de divertissement. À travers la contestation sociale et la négociation entre acteurs de la société civile et instances politiques et administratives, l’auteure analyse un débat de société d’une grande actualité auquel extrêmement peu de recherches ont été consacrées, alors que l’expansion des diverses formes de jeux d’argent gagne en puissance un peu partout dans le monde et requiert des travaux scientifiquement pertinents et diversifiés.