Surgissant soudain des neiges, une bien singulière créature apparut devant nos deux amis ! Dissimulant à contre-coeur sa nudité triomphante, la toison du bien excentrique quadrumane arborait une coloration que n'eût point reniée Barbara Tartland, la célèbre romancière aux best-sellers imbibés d'eau de rose...
Le géant roux remua ses poings aussi gros que des têtes d'enfants sages :
- « Ah ça, commandant, regardez ! Un gorille rose ! »
Le Français grimaça souplement et après avoir soigneusement retiré un gant, il passa sa main, aux doigts légèrement déformés par la pratique intensive du Scrabble, dans la brosse de ses cheveux drus coupés en brosse :
- « Un gorille, dans ces contrées, mon vieux Bill ? Un gorille... Voire ! » Grâce à son passé d'ingénieur, Bob Marone - car c'était bien lui - identifia rapidement le splendide spécimen :
- « Ou je me trompe fort, Bill, ou nous sommes en présence du mystérieux yéti ! »
Sourd à ces pertinentes considérations cryptozoologiques, le splendide anthropoïde s'avança vers nos deux héros ; de son pelage rosé s'échappa une subtile fragrance, à la fois capiteuse et acidulée, rude et musquée, qui vint violemment frapper les narines si sensibles du Français. Soudain, l'oeil de Bob pétilla et il aspira goulûment, à pleins naseaux, la fragrance bien-aimée...
... le parfum enivrant de l'Aventure !