Devant la moisson de photos étalées, ce qui m'ébranle entre chant et douleur, c'est cette évidence souveraine de la vie partagée et l'intrusion, hélas tout aussi souveraine, de la mort qui désunit. N'y aura-il un jour plus que nos enfants pour preuve de ton corps ?
Depuis la disparition de Monique, le narrateur voue sa vie à garder un peu de la vie d'elle. Authentique et rare chant d'amour, Un peu de toi proclame ce qu'il y a d'incompréhensible dans l'amour quand il est l'Autre à l'Autre noué, l'Aimée et l'Aimé pour ce qu'ils sont, corps et âmes, à travers le temps, la vie, la maladie, la mort, sous toutes leurs apparences : leurs épiphanies.
Et le lecteur, qui entend la voix qui bourdonne par en dessous pendant qu'il lit, se dit que c'est bien pour déborder notre commune impuissance, notre finitude et notre désespoir que ce livre est entre ses mains.