Depuis 1950, un pays nouveau se construit :
l'Europe Unie. Européens, nous savons tous de quel
passé de rivalités et de guerres nous sortons.
Et nous savons aussi qu'à travers des guerres
fratricides quasi continuelles, l'Europe a produit une
floraison d'oeuvres sans égale, et dans tous les ordres
de la création de l'esprit. Si la créativité européenne
a pu être si grande au milieu des destructions
produites par nos divisions, que ne pourrait-elle
être aujourd'hui dans l'union et la paix que nous
avons enfin voulu instaurer parmi nous !
Notre union commence à former un grand peuple,
fait de nations diverses, longtemps adverses, enfin
réconciliées. Cela est sans exemple dans le cours de
l'Histoire. C'est un changement de cap inespéré.
C'est une aventure. Elle peut nous enthousiasmer.
Elle nous pose aussi quelques questions. Plusieurs ont
été abordées à Vézelay, haut-lieu spirituel de
l'Europe depuis le XIIe siècle, où fut élevée sa célèbre
basilique romane. Nous nous y sommes rassemblés
de plusieurs pays d'Europe de l'Est et de l'Ouest en
trois colloques successifs, dont le thème central,
«L'âme de l'Europe», était envisagé sous trois
aspects principaux : le bien commun, la solidarité,
la subsidiarité.