Ce jour-là, trois hommes prennent la route, avancent
péniblement dans la neige sans autre choix que de se prêter
à une chasse à l'homme décrétée par leur hiérarchie militaire.
Ils débusquent presque malgré eux un Juif caché dans la
forêt, et, soucieux de se nourrir et de retarder le retour à la
compagnie, procèdent à la laborieuse préparation d'un repas
dans une maison abandonnée, avec le peu de vivres dont ils
disposent. Les hommes doivent trouver de quoi faire du feu
et réussir à porter à ébullition une casserole d'eau. Ils en
viennent à brûler les chaises sur lesquelles ils sont assis, ainsi
que la porte derrière laquelle ils ont isolé leur proie.
Le tour de force d'Hubert Mingarelli, dans ce roman
aussi implacable que vertigineux, consiste à mettre à la
même table trois soldats allemands, un jeune Juif et un
Polonais dont l'antisémitisme affiché va réveiller chez les
soldats un sentiment de fraternité vis-à-vis de leur prisonnier.