On a pu espérer, un temps, que les monstruosités
de la Seconde Guerre mondiale étaient derrière nous.
Définitivement. Or partout, à nouveau, on massacre,
on torture, on extermine. Comment comprendre cette
facilité des hommes à entrer dans le mal ? Michel
Terestchenko rouvre ici le débat, en complétant
notamment la démonstration de Hannah Arendt. Héros
ou salaud ? C'est toujours une décision initiale, à peine
perceptible, qui décide du côté dans lequel, une fois
engagé, on se retrouvera in fine.
Mais qu'est-ce qui explique cette décision ? C'est là
où l'enquête de M. Terestchenko prend toute son
ampleur. Elle montre combien est stérile l'opposition
entre tenants de la thèse de l'égoïsme psychologique et
défenseurs de l'hypothèse d'un altruisme sacrificiel. Ce
n'est pas par «intérêt» que l'on tue ou que l'on torture.
Ni par pur altruisme qu'on se refuse à l'abjection.
Les travaux qui analysent les phénomènes de soumission
à l'autorité, de conformisme de groupe ou de passivité
face à des situations de détresse invitent à
comprendre tout autrement les conduites de destructivité.
Tirant les conclusions philosophiques de
recherches récentes entreprises en psychologie sociale
et s'appuyant sur certains exemples historiques particulièrement
éclairants, l'auteur propose de penser les
conduites humaines face au mal selon un nouveau paradigme
: celui de l'absence ou de la présence à soi.