Des visages d'enfants sur les routes de l'exode, des embarcations de fortune sur le point de chavirer, des camps, des alignements de tentes et des distributions de vivres : nous voyons ces images presque quotidiennement dans les journaux. Elles sont nées au début du XXe siècle, au moment où les premières organisations non gouvernementales cherchaient à lever des fonds pour venir en aide aux réfugiés arméniens et russes. Aujourd'hui, la photographie humanitaire est violemment critiquée. On lui reproche sa complaisance, son voyeurisme, son indécence : sous l'oeil de la caméra, les individus disparaissent dans la foule - anonymes, parfois même déshumanisés.
Cet ouvrage retrace l'histoire des réfugiés du début de la Première Guerre mondiale à la crise actuelle en Syrie, dans les Balkans, en Méditerranée et à la frontière américano-mexicaine, à travers les images emblématiques des plus grands reporters. Plaidoyer pour une autre manière de représenter les réfugiés, il s'appuie également sur les travaux d'une nouvelle génération de photographes, qui s'intéressent à la vie dans les camps, aux objets qu'on emporte avec soi, aux espoirs et aux projets de millions d'hommes, de femmes et d'enfants en exil. Ces jeunes artistes rappellent les valeurs sacrées de l'hospitalité et de l'asile. Ils ouvrent la possibilité d'un échange entre celui qui regarde et celui qui est regardé.