Pourquoi révolu? Parce que tant les péripéties rapportées par l'auteur que les personnages qu'il évoque s'inscrivent dans ce qui fut la grande querelle du vingtième siècle entre monde communiste et non communiste. Ainsi, pour l'aristocratique poète espagnol Juan Enrique, membre du Parti et qui ayant combattu aux côtés des Républicains contre Franco, et ne s'étant jamais remis de son exil - à Mexico, puis à Genève - ni de la défaite de la République s'est laissé progressivement mourir sous l'empire de l'alcool.
Autre séquence: les Rencontres internationales de Genève qui juste après la guerre organisèrent les débats entre écrivains, penseurs, savants de l'Est et de l'Ouest. Parmi eux: Jaspers, Lukacs, Ehrenbourg, Heisenberg, Ortega y Gasset, Bernanos, Karl Barth. Et bien d'autres. Ici les épisodes comiques alternent avec des portraits où l'humour le dispute à l'acuité du regard. De même avec les partisans de la Paix, ce mouvement orchestré par l'Union soviétique d'alors en faveur d'une coexistence pacifique entre les USA et l'URSS. Tenant successivement des congrès à Vienne. Helsinki, Budapest, auxquels Georges Haldas participa - non sans une certaine ironie à l'égard de lui-même en tant que compagnon de route des communistes.
L'essentiel cependant n'étant pas là, mais dans la tension, chez l'auteur, entre les exigences de l'État de Poésie et l'engagement politique. Sa fidélité aux premières l'emportant de loin sur le second. Tout cela lui apparaissant aujourd'hui - à l'ère de la mondialisation et de ses aléas - comme un temps effectivement révolu. Que, hors de toute nostalgie, l'auteur restitue de manière particulièrement vivante. Grâce à son souci de vérité.