Un vilain
Dans le livre en latin qui lui sert de source et de référence, Gautier trouve un miracle sur un vilain sauvé dès après sa mort en raison de sa foi simple mais vivace - et les diables, déconfits, n'y peuvent rien. Toutefois, dans la « queue » du Miracle (envisagée comme un espace de liberté), l'auteur développe avec variété, longuement, ce qu'il pense et qu'il faut penser du vilain. La charge est distincte de la satire à laquelle accoutume le fabliau : Gautier propose moins un type susceptible d'être affublé de tous défauts et le cas échéant déshumanisé, qu'il ne fournit, sous-entend-il, un témoignage de clerc et même de moine - ô combien rageur et désenchanté ! Le conteur pieux est bon observateur et moraliste, et sans être toujours indulgent, jamais il n'est ennuyeux.