Conçu comme une œuvre de circonstance pour la défense du catholicisme social face aux attaques de l'intégrisme, l'ouvrage réimprimé ici pour la première fois depuis 1910 est un livre de première importance, d'abord pour le renouveau en cours des études blondéliennes comme pour la connaissance historique du mouvement des catholiques sociaux et des incompréhensions qui l'ont entouré ; mais aussi et surtout, pour l'analyse subtile et pénétrante des mécanismes et procédés intellectuels de l'intégrisme, dont il entreprend de mettre à nu les racines philosophiques.
L'ouvrage, introuvable depuis de nombreuses années, est paru d'abord sous forme d'une série d'articles dans les Annales de philosophie chrétienne de 1909-1910, puis édité chez Bloud et Cie. Il n'a pu trouver place dans les Œuvres complètes en cours de publication aux P.U.F., à cause de son caractère «anonyme» ou «pseudonyme». Mais on ne pouvait le laisser ainsi tomber dans l'oubli, alors qu'il comporte notamment la première occurrence d'un thème blondélien fondamental, celui du réalisme intégral qui unit en les distinguant les divers ordres de connaissance et de réalité, et surmonte ainsi les impasses qu'une épistémologie trop étroite a suscitées, soit dans l'intégrisme, soit dans le modernisme qui procède de simplifications similaires.