Au lendemain de la guerre en Irak, l'Anglais Edward «Ted»
Mundy, fils d'un major dans l'armée des Indes, écrivain raté et
guide touristique en Bavière, voit resurgir son passé en la personne
de Sasha, l'Allemand de l'Est militant qu'il a rencontré
à la fin des années 60 dans un Berlin en proie à l'agitation révolutionnaire
et revu dans le crasseux miroir aux espions de la
guerre froide pour le montage d'une longue opération d'agent
double. Mais aujourd'hui les temps ont changé, et leur amitié
renouée au nom d'un idéalisme devenu obsolète se heurtera
aux manoeuvres cyniques d'une Amérique plus impérialiste
que jamais.
Avec ce roman engagé d'une actualité brûlante, le Carré sonne
le glas de l'espionnage à l'ancienne et des valeurs surannées qui
structuraient l'univers des agents secrets : depuis le 11 septembre,
le monde ignore tout code de l'honneur et les «justes causes»
n'y ont plus cours quand l'Amérique de Bush fait subir à tous
la marche forcée de son autocélébration triomphaliste et hégémonique.
Portant un regard cruellement désabusé sur les agissements
machiavéliques d'une Amérique drapée dans sa bonne
conscience, le Carré dénonce aussi la veulerie aveugle de ses
contemporains, et son message désespéré hantera le lecteur
longtemps après la dernière ligne.