Le premier intérêt de cet essai est directement lié à l'objet d'étude :
le caractère déchiré de la double autobiographie de Louis
Althusser, Les faits et L'avenir dure longtemps. Le meurtre sépare
les deux textes et les inscrit, du même coup, dans une continuité.
Dans l'oeuvre d'Althusser cet ensemble constitue un «textapart».
Par ailleurs, ce «corpus» particulier offre l'occasion d'une
réflexion sur les rapports riches et complexes, entre archives et
genèse, ainsi que sur les rapports libres et contraints entre génétique
du texte et linguistique de l'énonciation. L'auteur fait appel à
une analyse fine de la linéarité éclatée, celle que l'on rencontre
sur tout manuscrit portant des repentirs d'écriture, et met particulièrement
en lumière combien ce qui peut apparaître comme des
détails négligeables s'avère, de fait, constitutif du texte et de sa
charge d'authenticité : on rencontre ainsi lapsus, oubli de mots,
compacifications et autres actes manqués graphiques qui donnent
à réfléchir sur le processus et le fonctionnement de l'écriture. Les
faits et L'avenir dure longtemps apparaissent alors comme l'autographie
d'un tragique destin.