Nul besoin d'être démographe pour savoir que les pays occidentaux connaissent depuis une trentaine d'années une situation neuve, créée par la conjonction de deux phénomènes : baisse spectaculaire de la natalité et accroissement des flux migratoires, principalement du «Sud» en direction du «Nord».
Ce que l'on apprend ici, c'est d'abord l'ampleur et le détail de ces phénomènes. Un exemple : en 1960, aux Etats-Unis, l'immigration comptait pour environ 1/8e dans l'augmentation de la population ; aujourd'hui pour un 1/3. La proportion est encore plus importante en Allemagne et au Canada.
Le second mérite de ce livre est de mettre en relation ces chiffres avec le contexte politique. Tout d'abord, les transformations internes à l'Islam et l'apparition du fondamentalisme. En second lieu, la fin de la guerre froide. Mouvements centrifuges et nationalistes, mouvements centripètes en direction des pays riches, résultent très directement de l'effondrement du bloc communiste.
Enfin, le grand intérêt de l'ouvrage résulte de son caractère comparatif. Six pays d'Europe sont étudiés (France, Grande-Bretagne. Allemagne, ex-Yougoslavie, Roumanie et Russie), ainsi que les Etats-Unis et le Canada. On voit comment les traditions nationales pèsent dans le choix des politiques, mais surtout à quel point tous ces pays sont confrontés à des situations équivalentes.