Ce roman consacré au théâtre africain est avant tout un récit de passion et d'exigence. Un essai souvent désespéré de recherche et d'interrogation de l'autre dans ce qu'il a de plus secret. Un constat d'incommunicabilité aussi, avec des instants de miracle où les frontières s'abolissent et où tant d'efforts semblant inutiles, tant de faux-fuyants, tant de rendez-vous manqués, soudain se justifient.
Marie-José Hourantier ne voile ni le quotidien ni la souffrance. Ici, rien n'est jamais acquis, ni le contact avec les autres, ni la réussite, étape inattendue et trop vite oubliée, avant la reprise de travaux de Sisyphe où chaque pierre transportée s'écroule avant même d'atteindre le sommet.
Au milieu de tout cela, une absence omniprésente : celle de l'argent. Du comédien débutant au patron de la troupe, chacun sait que l'expérience menée est une gageure, qu'il faut avant tout survivre, trouver des mécènes ou bien des expédients. Et cette hantise devient d'autant plus étouffante que Pierre, l'homme de théâtre expatrié, se refuse à toute compromission.
Que ce témoignage si proche de la réalité aide à faire mieux connaître une espérance et une action passionnées et têtues.
Françoise Ligier