On le nomme David Sauveur, ce jeune et gros garçon, à la chevelure de lin, qui se tient aussi fièrement assis sur le dur établi de tailleur d’une échoppe enfumée de Fleet-Street que, sur le duvet de ses carreaux de soie, un orgueilleux nabab de l’Inde. La santé chatoie sous l’épiderme de cet ample et bon visage que le contentement de soi-même illumine, alors que d’une voix pleine et bien conduite, il chante les refrains traditionnels de la vieille Angleterre, en même temps que, sous ses doigts agiles, l’aiguille savamment conduite répare quelque accident survenu à l’habit d’un respectable bourgeois de la cité, ou rapièce le pantalon endommagé d’un marinier de la Tamise.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.