L'Afrique du XXIe siècle sera urbaine. En trente ans, la population des villes a triplé et, dans quelques décennies, la majorité des habitants du continent sera citadine. Le nombre de villes moyennes ne cesse d'augmenter et le processus de décentralisation politique et de déconcentration administrative s'étend. En Afrique de l'Ouest, le débat local s'est instauré et prend de plus en plus d'importance. Les nouvelles collectivités urbaines s'imposent désormais comme des acteurs nationaux incontournables et comme les points d'attaches des réseaux transnationaux.
Pourtant, d'un point de vue théorique comme d'un point de vue empirique, les approches anthropologiques des phénomènes urbains semblent insatisfaisantes pour étudier les villes moyennes. Le travail de terrain permet d'observer l'existence de phénomènes sociaux qui cadrent mal avec les analyses contemporaines de la ville. Pour des raisons liées au développement de la discipline, la plupart des travaux se refusent à étudier les villes moyennes de manière globale et renoncent ainsi à mettre au jour l'espace symbolique et pratique partagé par les populations au sein du cadre commun que constitue leur localité. Cet ouvrage fait l'hypothèse que l'analyse de cet espace permet de mieux saisir les transformations sociales en cours et leurs implications politiques.
Pour développer une analyse des villes qui ne soit subordonnée ni à l'étude des métropoles et ni à celle des communautés, ce livre pose les jalons d'une nouvelle approche méthodologique et théorique inspirée de la théorie des représentations sociales. Le livre ébauche un bilan de la littérature anthropologique consacrée à la ville en Afrique et esquisse une nouvelle anthropologie des villes moyennes. Elle se déploie à travers une étude de cas consacrée à la troisième ville du Burkina Faso : Koudougou. Son histoire tumultueuse et les manipulations politiques ont donné à cette agglomération la réputation d'être une ville rebelle. La position de la ville dans l'espace national reflète les transformations qui ont marqué le pays depuis le siècle passé. A travers l'analyse de trois représentations sociales - l'urbanité, l'autochtonie, la réputation de la ville - l'auteur engage une réflexion sur l'évolution socio-politique du Burkina Faso dont la portée s'étend bien au-delà de ce pays et concerne plus largement les villes moyennes de l'Afrique sub-saharienne.