Si elle devait se mettre à penser à tout ce à quoi elle pense elle serait tellement pleine de pensées elle ne pourrait même plus regarder la télévision ni même téléphoner tant ses pensées l'occuperaient.
Par la fenêtre d'un appartement à Bruxelles, une femme apparaît, souvent vêtue d'un peignoir et drapée dans ses souvenirs. Elle vient de perdre son mari. Alors elle passe beaucoup de temps au téléphone, pour parler à ses filles, l'une à Ménilmontant, l'autre en Amérique, à sa famille dispersée à travers le monde. Dans ce dédale de voix entrelacées, elle évoque ce vide qui l'enserre, avec la délicatesse d'une fugue musicale, comme un bruissement de mémoires. Au-delà de l'imprononçable nom de la Shoah et du mutisme des survivants, elle raconte une solitude indicible et les petits arrangements avec la vie. Des souvenirs qui « font du bien aux os », au milieu des banalités et des rires du quotidien. Récit de deuil sublimé par la parole, Une famille à Bruxelles est une conversation intime avec une mémoire familiale à livre ouvert.