« Ma généalogie est un écheveau d'infortunés destins européens, cabossés par les intolérances et les guerres que les peuples de ce continent n'ont cessé d'entreprendre, brisés par les frontières qu'ils n'ont cessé de dresser entre eux, mais aussi par les fractures sociales et les égoïsmes. »
Au travers du récit des pérégrinations des différentes branches de sa famille, Jean-Robert Pitte, spécialiste de géographie culturelle, raconte l'Europe depuis la fin du XVIIIe siècle. Cette saga plonge le lecteur dans le destin de lignées paysannes de Normandie, d'Alsace, du Bugey qui migrent vers Paris par nécessité économique (ou par choix politique après l'annexion de l'Alsace en 1871). On y suit la traversée de l'Europe par une famille juive modeste qui s'établit vers 1760 dans la grande plaine de Hongrie, puis entame sous François-Joseph une ascension sociale qui conduit à l'Académie des sciences de Budapest l'un des siens, dont le fils sera enfermé dans le ghetto de la capitale danubienne. Tous ses ancêtres ont subi les guerres napoléoniennes, celle de 1870 et la Commune de Paris, plus dramatiquement encore les deux guerres mondiales, enfin l'établissement du rideau de fer. Ce tissu d'humbles faits restitue dans l'espace et la longue durée les souffrances et les petits bonheurs qui ont fait notre continent. Au-delà de leurs particularités, ces destinées sont exemplaires de ce qu'ont connu tous les Européens.