Pour la première fois, paraît une histoire des antigaullismes, synthèse complète qui recense tous les courants opposés d'une manière ou d'une autre à l'action du général de Gaulle. En se fondant sur une immense documentation, qui renouvelle et enrichit un sujet qui n'avait jamais été exploré en tant que tel, l'étude de François Broche couvre tous les aspects, des domaines politique, militaire et économique jusqu'aux sphères médiatique, culturelle et intellectuelle.
L'antigaullisme précède le gaullisme, tant il est vrai que, très tôt, Charles de Gaulle a pratiqué l'art de se faire des ennemis. Dès son plus jeune âge, le futur rebelle de juin 1940 se révèle un non-conformiste résolu, croyant en son étoile, dédaigneux des critiques, n'hésitant jamais à s'en prendre aux élites. L'appel du 18 juin 1940 - qui lui vaut d'être condamné à mort par le régime de Vichy - fédère les antigaullismes de l'époque : des partisans du maréchal Pétain et de la collaboration aux communistes, en passant par les grands corps (administration, justice, armée, Église...), les résistants de l'intérieur, les émigrés en Angleterre et aux États-Unis, et les partisans du général Giraud. Puis, l'avènement de la IVe République annonce les années de la « traversée du désert ».
Dès son retour au pouvoir, en 1958, de Gaulle est à nouveau la cible d'une coalition allant des communistes aux nostalgiques de Vichy, qui n'ont jamais baissé pavillon. Durant quatre ans, l'affaire algérienne alimentera les haines et les hostilités. Mai 68 annonce la fin du règne. Le coup de grâce est donné en avril 1969 avec l'échec du référendum, qui marque la victoire des antigaullistes de tous les bords.
S'ouvre alors une période dominée à la fois par la grande ombre du Commandeur (mort en 1970), toujours présent dans le débat politique et dans l'imaginaire des Français, et par un éloignement plus ou moins marqué à l'égard de son héritage, qu'illustrent, chacun à leur façon, les successeurs de Charles de Gaulle à la présidence de la République.