Il vit un cône s'ouvrir dans la mer et les eaux se retirer pour se dresser comme des parois rigides. Une boule de feu montait en tournant sur elle-même en pelotes d'or. Les vagues se pliaient et se ridaient dans la bouche du cône et aspiraient une tête étincelante qui essayait de faire surface. Le ciel se défaisait au cours de ses efforts creusant sur son visage souffrant des sillons, comme une femme au moment de l'accouchement. Voilà que finalement, à l'horizon, sur un plateau bleu, un belak d'or brillant s'offrait aux voyageurs en échange de l'épouse silencieuse, la nuit qui les avait accompagnés dans leur traversée.
Luis Cardoso nous convie à cette traversée dans le temps. De l'enchantement aux jours de la colère, de l'enfance jusqu'au moment où l'imaginaire est confronté à la réalité. De l'instant où l'adolescent suit les pas de son père, l'infirmier rural, à travers l'île, jusqu'au moment où Timor, envahie par l'Indonésie, n'est plus qu'une île au loin et où l'exilé ne traverse plus que le Tage.