La présence continue de rites dans nos sociétés invite à une interrogation sur leur mode de renouvellement et de transmission, mais le fondement des rituels est difficile à bien saisir dans toute sa complexité lorsqu'on limite la comparaison à un même univers culturel. En confrontant des données relatives au Québec et à la France, les auteurs de cet ouvrage se trouvent placés dans une rare situation d'observation : une même langue pour deux populations dont l'une tire ses origines de l'autre mais qui ont connu des destins forts différents ; des rituels d'origine commune dans un passé lointain mais qui ont évolué de façon singulière de chaque côté de l'Atlantique. Une partie des textes explorent directement ce rapport de filiation ; d'autres contributions élargissent les perspectives et les terrains. Longtemps à prévalu l'idée que la culture de la " cousine " nord-américaine était la copie presque conforme de l'autre. Confronter des rites et des matériaux symboliques issus d'une même culture mais nourris depuis trois siècles de terreaux sociaux, économiques et culturels différents permet de mieux cerner les dynamiques rituelles et de penser de façon neuve les processus de renouvellement et de diffusion des objets culturels. La démarche comparative s'appuie sur la présentation d'un riche matériau ethnographique concernant principalement les rites de noce (incluant les chansons) dont la variabilité est examinée sous plusieurs aspects, ce qui remet profondément en question la définition des rituels comme des formes ou des " actes fixés ". L'analyse comparée fait aussi un usage inédit des recettes de médecine populaire. D'autres matériaux servent à étayer la comparaison : rituels de la naissance (modèles de prénomination, trousseau féminin), langues et parlers, contes... L'ensemble des textes peut donc se lire de plusieurs façons : comme une réflexion sur les dynamiques rituelles, comme une source de connaissance des cultures québécoises et françaises.