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Une philosophie des sanglots
Les sanglots ne sont pas de simples pleurs. Ils surviennent dans une situation d'impuissance, comme un deuil, une rupture, une humiliation ; et ils la redoublent. Secousses, contractions, spasmes, ils sont une attaque du corps contre la parole, la pensée, la station debout. Autant de facultés censées faire de nous des sujets. Ce faisant, ils nous obligent à regarder en face notre impuissance et la vanité de notre être-sujet. Les corps qui sanglotent sont des corps auxquels a été conféré un statut de sujet constamment sous probation - à commencer par les corps féminins. En se soulevant, le diaphragme crée, pour quelques instants, un autre rapport au temps, aux autres et au monde qui est le ressort d'une présence vive à soi et d'une protestation. C'est donc en féministe qu'Estelle Ferrarese s'efforce de placer les sanglots sur la scène du visible, du pensable, du représentable.