Passablement marginalisé dans les dernières années de sa vie, Oswald de Andrade (1890-1954), le plus radical de la génération brésilienne de 1922, se vit approcher par les jeunes poètes concrets, et c'est notoirement à la faveur de leur travail de réédition et de réhabilitation critique que l'on put bientôt (re)lire, au Brésil, une oeuvre majeure et déjà mythique, mais alors largement clandestine et de longue date introuvable en librairie.
Il était donc naturel qu'une pièce maîtresse de cette réception locale, la préface de Haroldo de Campos à la réédition des oeuvres poétiques, vienne accompagner en France la première traduction du recueil Bois Brésil de 1925. Dans une dépense théorique généreuse et rigoureuse, le critique y accomplit ni plus ni moins, avec les ressources de son temps, l'intégration d'O. de Andrade à la modernité occidentale, et révèle une inspiration centrale dans la formation du concrétisme brésilien. C'est donc un document qui intéresse le lecteur curieux de toutes les aventures poétiques de ce siècle.
Antoine Chareyre
L'Écart absolu poche publie une série de textes et documents historiques des avant-gardes, depuis la Révolution française jusqu'à Fluxus. Une collection pratique, pour donner à lire (à voir) les formes de pensée les plus radicales et construire une petite bibliothèque idéale des individus marginalisés, censurés, mis à l'écart, interdits.